Toutes

Qu’est-ce que c’est que toutes ces Louise ?

Où la sienne ?

Celle d’avant qu’elle croisait tout le temps qui papillonnait souvent qu’elle aperçoit encore dans ses songes qui lui faisait…

 

Pff ! Toujours à changer de corps comment la reconnaître ?

 

Elle ne sait pas elle est perdue un frisson la traverse de petits soubresauts spasmes savoureux puis elle grelote.

 

Seule elle a froid seule sans elle seule égarée loin de tout loin d’elle aussi surtout.

 

– Tu es qui, Louise ?

 

Personne sûrement. C’est ça oui.

 

– Tu es… Personne !

 

Simplement authentique tellement vague juste un nuage une nébuleuse qui passe une ombre étrangement transparente.

 

Et son mystère suit Lud Mahé la poursuit la traque habite ses chimères jusqu’à les hanter.

 

– Mais je te vois là.

 

Lâchée à l’abandon recluse dans sa tanière !

 

– Tu vas t’en échapper ? Je t’attends… Mais dehors.

 

Elle Lud Mahé elle attend dehors l’errance à sa rencontre à la fortune des parcours celui de l’une celui de l’autre !

 

– Louise !

 

Louise.

Femme affable ?

Non !

Femme sans substance en chair et en os ça oui mais quand même sans corps une enveloppe si !

La bulle où les autres ne passent pas où les autres n’entrent pas celle que juste les autres regardent bouger.

Cette apparence qui se déplace dans des élans lents moelleux cette légèreté qui caractérise Louise qui fait son insolite carapace justement.

 

– Où tu es je te vois plus !

 

Elle repense à tous ces instants surtout à ceux où elle aurait pu l’appeler Camille ou plutôt Maxime.

Oui Maxime ça lui irait bien Maxime !

Après tout ce n’est pas grave tout ça elle s’appelle comme elle veut Louise Maxime quelle importance ?

 

Ce qui est mystérieux chez l’autre c’est surtout son intérieur oui ses secrets ceux qui la maintiennent et qu’elle protège des vents de la gelée de toutes les tempêtes !

Parce que oui elle s’abrite des rigueurs qui la préservent des désordres et pourtant c’est là qu’elle s’y retrouve le mieux dans ces désordres justement le chaos !

Ce sacré chaos celui qui lui ressemble tellement.

 

Elle se souvient du jour où l’autre évoluait presque nue et où elle lui a lâché trois mots.

 

– Je suis cachée !

 

Lud la regardait sa peau lisse claire elle occultait quoi ?

Elle ?

Sans doute que oui c’était elle tout entière qui se cachait derrière.

 

Et puis un jean un T-shirt des petites baskets juste ça et rien d’autre une Louise avec trois fois rien pour la couvrir toujours pareil et Lud ?

Pas plus pas moins très semblable en somme laquelle est laquelle ?

À ne pas se reconnaître à s’y perdre !

 

Louise Maxime Lud Mahé Camille la même ?

Non peut-être pas la même justement !

 

– Tu t’accroches à mon cerf-volant et on décolle ensemble ?

– C’est plutôt un delta-plane, ton engin.

– Ben tu es qui, toi ?

– Rien, rien… Je suis… Personne.

 

C’est quoi cette embrouille ?

D’abord c’est un vrai cerf-volant un grand soit mais un cerf-volant quand même et puis elle peut bien dire comme elle veut !

 

De toute façon il n’y a qu’une place il faut que Lud Mahé se débrouille pour faire une deuxième place.

Ce serait bien à deux là-haut dans les nuages.

Pff mais elle y pense Louise ou Max elles y sont déjà dans les airs avec leurs longs vols planés.

 

Que faire…

La rattraper ?

Oui mais comment ?

Si elle court derrière elle va s’égarer la perdre s’épuiser en chemin…

Elle va l’attendre qu’elle se pose là juste à côté.

 

Elle va attendre il faut qu’elle l’entende !

 

Elle va.

 

Et si elle l’attrapait en plein vol ?

Non ça risquerait de…

Elle ne sait pas.

 

Petite étourderie de sa part.

Des fois elle peut être un peu gauche des fois seulement !

D’habitude non. Elle ne l’est pas elle est…

Enfin d’habitude elle…

Lud sait jongler !

 

Mais l’autre elle la frôlait du bout de son aile juste ça et ça la charmait !

Juste ça et elle était déjà ailleurs !

Juste ça et hop évaporée !

 

Louise ou Maxime elle ne sait plus.

Alors l’autre gravitait autour d’elle et elle la sentait jusqu’en son intérieur tout au fond d’elle.

Sa chaleur l’envahissait elle respirait enfin !

 

Lud elle est juste une démarche elle déambule elle flâne elle se promène.

La bulle celle de l’autre.

De temps à autre elle entrait dans les méandres de ce jardin cette sphère que l’autre garde précieusement bien fermée autour d’elle.

Mais parfois seulement !

 

Lud elle est juste une forme une silhouette peut-être mais peut-être pas.

Ou seulement les contours et puis rien d’autre.

 

Lud elle est juste un ectoplasme elle se meut sans bruit dans un souffle d’air comme l’autre !

Ça elle sait faire juste dans un souffle d’air.

 

– Tu viens, on bat des ailes et on s’envole ?

– Ça ! Des ailes ?

– Hein ? Mais oui… Des ailes… Mes ailes…

– Je préfère ton delta-plane.

– Mon cerf-volant !

 

Mais avec qui elle parle ?

Laquelle d’entre elles ?

Elle la voit l’allure de rien l’autre s’éloigne le pas nonchalant les gestes relâchés tout le corps détendu presque une marionnette désarticulée !

 

– C’est toi ?

 

L’autre se retourne à peine et agite les bras dans l’air.

 

– C’est moi… Et c’est… Personne.

 

Qu’est-ce qu’elle raconte ?

Elle n’entend quasiment plus déjà trop loin encore trop loin toujours trop loin.

 

Lud elle est juste une musique éphémère un air qui vibre vaguement dans le creux de l’oreille une petite mélodie que les autres soupçonnent mais guère plus.

 

Lud juste sa respiration c’est que de temps en temps quand le soleil crève le ciel ou quand l’autre est là près d’elle tout près autour à l’effleurer la toucher la serrer non elle n’aime pas ça !

Ni serrée ni prise juste câliner caresser frôler ça oui elle aime !

 

Elle parle au vent le vent entend le vent l’attend !

 

Mais ce vent il ne lui répond pas d’ailleurs personne ne lui répond ni le vent ni personne seule elle est donc seule définitivement seule.

Sans mots juste des maux quelques maux qui la contiennent lui appartiennent juste à elle !

Ses maux le vent les connaît ses maux il les a vus il les comprend.

À lui elle peut dire rien ne revient mais elle peut dire elle peut même lui vociférer si elle veut !

 

Louise cette femme évanouie qui flotte dans rien qui ne tient à rien retenue par rien.

Cette femme…

Juste une passagère une étrangeté fugace pour qui rien n’est pérenne. Tout s’arrête.

Et c’est les choses en suspens léger sommeil puis tout demeure.

 

Maxime cette femme imperceptible frivole qui part mais qui revient toujours qui flotte elle aussi mais pas en rien.

Elle flotte avec l’autre contre l’autre.

L’autre qui la porte la supporte Max qui ondule dans le flou le sien celui de l’autre. L’autre qui ne lui répond pas comme le vent.

 

Camille cette femme sûre qui attend qui espère que l’autre redescende atterrisse pour renaître dans le creux de sa main.

Elle qui désire c’est sa sincérité contre les chimères invisibles de l’autre.

Cam c’est juste palpable la douceur de son rapprochement vers l’autre puis l’écho de sa voix dans la bouche de l’autre.

 

Ces deux autres Maxime et Camille.

Puis Louise la même l’une l’autre peu importe semblables et Lud ?

 

Femme qui vole plutôt qui se laisse planer un peu plus haut un peu plus bas ça dépend des fois.

 

Elle en toutes…

Entières.

 

Elle en femme !

Avec des gestes des mots.

 

Et des maux… Les leurs… Les siens… Tous sont à toutes.

 

Ses mouvements enfermés par les méandres les leurs les siens et encore une fois toutes sont à toutes.

 

Déplacements vaporeux toucher les bords les limites ?

Non pas de restrictions… Libres !

Les lisières ont disparu elles n’existent plus.

 

La sensualité la sienne la leur à toutes ces femmes.

Cette volupté éloigne les bornes les expulse loin très loin et laisse de la place.

Une seconde place sur le cerf-volant ?

Place à l’existence aux histoires là où les êtres se rejoignent se croisent et se reconnaissent là où tout se mêle se mélange dans un amalgame des peaux.

Cette alliance qui crée les histoires justement et les enveloppes surtout !

 

Le bonheur de s’apercevoir là où se confondent les chemins.

 

– Il pleut !

– Moi qui croyais naïvement qu’on était en été.

– Qu’est-ce que tu dis ?

 

Lud entend à peine.

Une réponse…

Celle du vent ou celle d’une femme là où elles se trouvent se retrouvent…

Enfin !

L’impulsion des oscillations ces légers balancements petites évolutions d’où sortent ces élans fragiles d’où aussi naissent ces délicieuses envolées.

Subtilité des instants, douceur de ces voyages suaves à souhait !

 

L’une… L’autre… Toutes.

 

Abandonnées au rien toutes juste leurs maux ceux qui sont qui restent qui anesthésient qui font peur aussi.

L’empreinte parfois les empreintes ces traces comme des dessins des dessins sans couleurs juste des cicatrices tout en noir et blanc.

 

Qui est qui ?

Seul le vent le sait !

Les souffles d’air aussi le savent comme un soupir ou juste un filet d’air.

Pourtant tous le savent !

 

Elle non !

Elle ne sait pas Lud Mahé l’innocente mais elle est !

Peut-être un peu futile ?

Non pas du tout !

Là elle est là elle !

Dans un corps qui change certes qui se meut au gré du vent des ondées jusqu’aux bourrasques quand l’orage éclate et qu’elle n’est plus qu’une apparition.

Cette étoffe qui se laisse bercer balayer par les respirations.

 

De l’une… De l’autre… Des autres ?

 

Elle ne sert à rien ne repose sur rien ne conçoit rien !

 

Un courant d’air et hop Lud Mahé volatilisée !

Louise Max ou Cam en font autant une petite brise et tout s’efface elles s’effacent !

Emportées par une simple valse.

 

Elle n’est personne elle non plus personne !

Comme les autres elle est autre une autre l’autre celle qui vagabonde.

L’exquise errance qui habite l’intérieur calme moelleuse affectueuse aussi aventure câline divagation suave petit égarement printanier espiègle peut-être finalement !

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