Dans l’appartement, c’est calme.
– On pourrait parler, non ?
Je ne comprends pas.
– De quoi ?
– De nous, de tes nuits, de ta soirée avec Louise, de Mathilde…
– Oh là là, que de questions !
– On commence par laquelle ?
– Et si je cherchais du boulot ?
– Tu vas te concentrer deux secondes sur ce que je dis ?
– Mais… Je ne sais pas quoi te répondre moi…
– C’est bien ça qui me désole !
– Je ne sais pas faire… Les choses arrivent et puis voilà… Tu veux que je dise quoi dessus ? Je ne sais pas moi…
– Chez Louise, l’autre soir quand on l’a raccompagnée, c’est très moderne chez elle, mais l’ensemble est harmonieux.
– Il fallait, elle était un peu bourrée… Et alors ?
– Alors, j’ai vu l’endroit… L’endroit où tu t’éclates avec elle…
– Je t’avais dit que tu allais gamberger, des films dans ta tête…
– De fait, je gamberge, comme tu dis…
– Tu te fais du mal !
– Peut-être, mais je mesure un peu, je vous imagine dans ce décor toutes les deux…
– C’est malin !
– J’ai envie que tu te poses, Maxime.
– Ça fait trente-cinq ans que tu en as envie.
– Et j’en suis toujours au même point, sinon je ne serais pas encore dans tes pattes.
– Je me poserai quand je serai trop vieille pour faire autrement.
– On n’est pas rendu…
– Tu me traites souvent de vieille, ça va venir vite…
– Là, tu y vas doucement, mais sûr qu’il y a encore du chemin !
– Tant mieux, je ne suis pas encore grabataire.
– Arrête !
– C’est toi !
Mon portable qui dormait tranquillement dans le salon, se réveille.
– La revoilà !
– Qui ?
– Je ne sais pas, mais c’est forcément une de tes conquêtes en tout cas.
Je vais chercher l’engin. C’est Louise qui apparaît à l’écran. Votre amie est adorable, vraiment. Camille me fixe. Je lui lis le message.
– Sympa !
– Elle est très sympa…
Il faut que je lui réponde. Pour Louise, je me lâche. Camille est adorable, en effet, d’ailleurs je l’adore.
– Tu lui as répondu ?
Je lui tends l’appareil avec le texto affiché. Elle plisse les yeux pour lire et son sourire monte sur son visage. Elle me rend le téléphone. Je jette le portable au bout du canapé. Cam vient s’asseoir par terre entre mes jambes. Un coude sur mes genoux, elle pose la tête dessus. Ma main glisse dans ses cheveux. La sienne monte et descend le long de mon tibia. Elle se redresse d’un coup et vient s’allonger sur le canapé, la tête sur mes cuisses. Ses yeux me regardent, partent et reviennent. Ils finissent sur mon visage.
– Tu penses à quoi ?
– À ce que tu écris à Louise.
– Ah…
Elle est toute mignonne, là, avec son plus beau sourire, à regarder dans le vague. Elle est adorable, c’est vrai, Louise a raison, Camille est vraiment une femme adorable. En plus, elle est bien gaulée avec une belle petite gueule. Je devrais être entièrement focalisée sur elle, elle le mérite carrément ! Mais je n’y arrive pas…
– Et si on organisait un week-end avec les gens qu’on connait ?
C’est quoi cette idée débile ?
– Des gens qu’on connait d’où ?
– De partout.
– On ne peut pas mélanger tout le monde, tu imagines… Et on les mettrait où les gens en question ?
– On loue une grande baraque et on invite tout le monde.
– Et il y aurait qui dans tes gens ?
– Déjà nous deux, puis Mathilde, Louise, Léa, Jade et Hanna pourquoi pas, et puis Tess et Léonore… Pétra aussi.
– Ah non, pas Pétra, elle va tout nous niquer !
– Bon, pas elle… On serait déjà une petite dizaine.
– Et on ferait quoi avec toutes ces nanas ?
– Des grandes bouffes, et puis chacun ferait ce qu’il veut.
– C’est un peu débile ton truc, non ?
– Ah… Je trouve que ça pourrait être marrant.
– Pour qui ? Et puis, c’est quoi l’idée de fond ?
– Nous deux, je veux que nous deux ce soit au grand jour.
– Il faudrait déjà que ce soit au petit jour avant d’être au grand !
– Maxime, tu dis n’importe quoi.
– Non, pourquoi ?
– Tu écris à Louise que tu m’adores et deux secondes après, tu me dis que l’histoire n’existe presque pas.
– Je ne dis rien du tout ! Mais tu me barbouilles la tête avec tes idées aussi. Moi, je n’ai pas besoin de prouver un truc à qui que ce soit. Pour notre histoire, je m’en fous des autres, je n’ai pas besoin d’eux. Cela dit, si tu arrives à me faire revenir Tess…
– Chiche ?
– Là, Cam, tu prends de gros risques.
– Heu…
Elle se calme, son corps ne bouge plus sur le canapé, ses yeux se ferment.
Elle me réveille avec un doigt qui glisse sur ma joue.
– Coucou.
Elle m’affiche un tel sourire, qu’est-ce qu’elle a encore au fond de sa tête ?
– Ton imagination te rend radieuse !
– Maxime, je trouve qu’on devrait lancer le truc.
– Ton week-end là ?
– Oui…
– Et on leur propose quoi aux nanas ? Un petit week-end en amoureux à dix ? Un barbecue sur la plage à mi-saison ? Tu veux qu’on leur dise quoi ?
– Je vais y penser… Mais tu serais d’accord toi ?
– Avant que tu arrives à rassembler tout le monde le même week-end, j’ai le temps de me faire à l’idée, ou de l’oublier.
– Tu ne m’aides pas beaucoup.
– C’est quand même drôle, c’est moi qui ai toujours besoin de voir du monde, c’est pour ça que je vais bosser de temps en temps d’ailleurs, et c’est toi qui imagines ce week-end entre filles.
– Comme ça, tu en verras du monde.
– Ce n’est pas pour moi que tu fais ça, c’est pour que tout le monde nous voie ensemble, alors arrête.
– Je me dis que peut-être, si elles nous voient justement, elles arrêteraient de te courir après.
– Et si c’était moi qui leur courais après ?
– Tu fais chier. Pas moyen que tu sois sérieuse l’espace d’un instant.
– Fais pas la gueule… C’est quand même toi qui me proposes de me mettre en face de Tess ou de Louise tout un week-end. Tu veux que je fasse comment pour les gérer ?
– Bon, on laisse mûrir.
– Voilà, on ne fait rien…
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Cette nouvelle fait partie du recueil « Mariage » qui comprend :
Mariage – La mère de Cam – Et elle s’appelle ? – Maison de pêcheur – Cuisine – On aura tout vu !